Patrick Morand photographies nature et paysages

 

Premiers essais du logiciel Oloneo PhotoEngine

Paysage d'automne dans les Hautes-Alpes
Trois fichiers NEF convertis en TIF avec SilkyPix puis transformés en une image HDR avec PhotoEngine.

Le 13 juillet, la société Française Oloneo annonçait la mise à disposition de la version bêta d'un nouveau logiciel de traitement d'images : PhotoEngine.

Les principales fonctionnalités annoncées étaient les suivantes :

  • Développement des fichiers RAW et traitement de toutes les images sur 96 bits dans un espace colorimétrique à très large gamut.
  • Possibilité de régler l'importance des différentes sources de lumières présentes dans une scène.
  • Réduction du bruit.
  • Création d'images HDR et tonemapping.
Disposant de trop peu de temps pour effectuer un test complet, j'avais néanmoins envie de me rendre compte de ce que pouvait offrir ce logiciel surtout à propos du développement des fichiers RAW et de la manipulation d'images HDR. La fonction relative à la balance des différentes sources de lumières nécessite des images prises dans des conditions assez spécifiques dont je ne dispose pas actuellement et l'algorithme de réduction du bruit repose, si j'ai bien compris, sur l'empilement de plusieurs images prises exactement avec les mêmes paramètres d'exposition ce dont je ne dispose pas non plus. Je n'ai donc pas du tout essayé ces options mais leurs vidéos de présentation sur oloneo.com sont assez explicites.

Remarque sur l'utilisation de 96 bits par pixel

Utiliser 96 bits pour coder un pixel signifie utiliser 32 bits pour représenter chacune de ses composantes rouge, verte et bleue.
Certains pourront penser que c'est inutile pour une image classique car les appareils photos numériques délivrent des fichiers RAW dans lesquels chacune de ces composantes est codée sur 12, 14 ou éventuellement 16 bits.
Le fait de travailler avec 32 bits par composante permet en fait d'éviter au maximum les erreurs d'arrondis lors des différentes manipulations que l'image doit subir. Celà peut en particulier aider à rendre avec plus de douceur certains dégradés dans les ciels bleus.

La même remarque s'applique à l'utilisation lors des retouches d'un espace colorimétrique à large gamut mais il faut bien garder en tête que l'image finale devra à un moment ou à un autre être convertie dans un espace plus restreint pour être affichée ou imprimée et qu'il faudra sans doute procéder à cette occasion à quelques ajustements.

Dernier point : Je n'ai trouvé sur le site d'oloneo aucune indication sur la nature de ces 96 bits, entiers ou nombres à virgule flottante.

Quelques mots sur l'installation

Tout d'abord, la version bêta n'est actuellement disponible que pour Windows.
Il ne me semble pas que celà soit indiqué sur le site internet mais l'installation de PhotoEngine nécessite la présence de l'environnement Microsoft .NET sur le PC. Comme ce composant n'était pas installé sur ma machine, son installation s'est lancée automatiquement et m'a renvoyé un message d'erreur. J'ai cependant cliqué sur "Terminer" comme si tout c'était bien passé et depuis le logiciel semble fonctionner correctement ...

Le traitement des fichiers RAW et des images classiques

J'ai été à la fois très séduit et un peu déçu.

Déçu car le logiciel semble actuellement ne disposer d'aucune option permettant d'intervenir sur le dématriçage des fichiers RAW et les résultats obtenus me paraissent très en deçà de ceux obtenus avec des logiciels comme LightRoom, SilkyPix ou Nikon Capture. En fait ces résultats me font penser à une n+1ème implémentation de DCRaw avec parfois la présence prononcée d'artefacts en forme de grains de riz.
De plus, je n'ai trouvé aucun des outils de base comme la rotation libre, le recadrage, la correction de la perspective, la gestion du vignettage, la correction des aberrations chromatiques, etc. Peut être que ces outils viendront avec la version commerciale.

Par contre, la gestion des contrastes et des couleurs est excellente et les outils très bien conçus et faciles à utiliser.

A ce sujet il faut noter qu'en travaillant tout le temps sur 96 bits PhotoEngine semble considérer n'importe quelle photo comme une image HDR et que donc le tone mapping devient un opérateur comme un autre, applicable sur toutes les photos.

Outre cette particularité très intéressante, PhotoEngine dispose des outils suivants :

  • Réglage de la balance des blancs.
  • Gestion de l'exposition, du contraste et de la saturation de manière globale.
  • Courbe de transfert pour la luminosité.
    Il faut noter que les points de contrôle que l'on ajoute sur cette courbe peuvent être manipulés par leurs tangentes ce qui permet vraiment une action fluide et précise.
  • Courbe de transfert pour la saturation qui permet d'intervenir de façon plus sélective que l'outil global.
    Par exemple on peut choisir de diminuer la saturation des zones très saturées et d'augmenter celle des zones qui le sont peu, ou inversement.
  • Différents égaliseurs permettant d'intervenir facilement et de façon sélective sur la saturation, la luminosité et la teinte des différentes gammes de couleurs.

Le traitement des images HDR

Après sélection des différentes expositions qui entrent dans la composition de l'image HDR, PhotoEngine procède à leur assemblage pour constituer l'image sur 96 bits par pixel et à partir de ce moment, l'utilisateur peut travailler sur cette image exactement comme sur une image classique avec exactement les mêmes outils que ceux énoncés ci-dessus.

Le tone mapping offre le choix entre opérateur global et opérateur local. Concernant ce dernier, l'utilisateur peut le manipuler à travers plusieurs interfaces offrant plus ou moins de paramètres permettant de contrôler son fonctionnement.
L'algorithme utilisé semble très performant. Il permet facilement d'obtenir des résultats au rendu très naturel et ceux qui aiment les images un peu plus fantastiques n'auront aucun mal à les obtenir en poussant un peu plus les curseurs.
Chose très appréciable, les résultats sont visibles en temps réel quel que soit le niveau de zoom avec lequel on visualise l'image à l'écran.

Autre point très positif, une fois le tone mapping appliqué, on peut immédiatement utiliser les autres outils comme les courbes de transfert par exemple afin de peaufiner le résultat.

Enregistrement des images et de leurs paramètres

PhotoEngine mémorise la séquence des opérations effectuées sur chaque photo. Ces informations sont enregistrées dans des fichiers de données "associés" aux images elles mêmes.
L'image résultant de ces différentes manipulations peut quant à elle être enregistrée dans un format classique TIF ou JPEG et lors de cet enregistrement, l'utilisateur doit choisir un espace de couleur : sRGB, AdobeRGB ou ProPhotoRGB. Pour l'enregistrement en TIF, l'opérateur doit également choisir s'il désire utiliser 8 ou 16 bits pour représenter chaque composante RVB et si il veut compresser ou non son fichier. Il semble que ces choix ne sont pas mémorisés d'une image à l'autre ce qui permettrait de gagner du temps et d'éviter d'éventuelles erreurs d'étourderies.

Conclusion

Malgré ce que j'ai dit concernant le dématriçage des fichiers RAW, je trouve cette version bêta très prometteuse et même dans son état actuel, ce logiciel pourraît bien devenir mon outil favorit pour le traitement des images HDR.