Patrick Morand photographies nature et paysages

 

Bataille autour des fichiers RAW

Genièvre - Massif des Maures
Fichier RAW Minolta (MRW)
traité avec
RawShooter essentials 2005

Depuis plusieurs années, les photographes adeptes du numérique savent que le format RAW est celui qui leur permet d'exploiter au mieux les capacités de leurs appareils photo.

Malheureusement, les images enregistrées dans ce format doivent être décodées avec des logiciels spéciaux avant d'être transformées dans un format standard (TIFF ou JPEG).
De plus, chaque appareil photo délivre des fichiers RAW qui lui sont spécifiques et la publication de leurs spécifications techniques n'est pas la priorité des fabricants.
En général, ce sont ces mêmes fabricants qui développent et fournissent (gratuitement ou non) les logiciels de conversion : Nikon Capture pour Nikon, Canon DPP pour Canon et DimageViewer pour Minolta.

Cette architecture propriétaire pose plusieurs problèmes :

  • Si l'on utilise du matériel de différentes marques, il faut disposer des différents logiciels de conversion pour pouvoir décoder ses images. Ce qui signifie qu'il faut éventuellement les acquérir (s'ils ne sont pas fournis avec le matériel), apprendre à s'en servir, effectuer leurs mises à jour et sans cesse changer d'outil de travail.

  • Lorsqu'un fabricant décide que les nouvelles versions de son logiciel de conversion ne prendra plus en compte les fichiers RAW de ses anciens boîtiers (vieux de quelques années), des photographes risquent fort de se retrouver avec des images totalement inutilisables.
Fort heureusement, des éditeurs de logiciels indépendants fournissent des outils de conversion multi-marques.
Comment ont ils pu développer ces logiciels : soit à travers des accords avec les fabricants pour obtenir les spécifications de leurs formats de fichiers, soit par "reverse engineering" ce qui est sans garantie et pas toujours légal.

Avec son dernier réflex professionnel le D2X, Nikon a déclenché les passions lorsque Adobe a affiché sur la place publique que la balance des blancs était codée dans les nouveaux fichiers RAW empêchant ainsi le support des images du D2X dans PhotoShop.
Depuis, les choses semblent s'être un peu arrangées entre les deux sociétés et la nouvelle version de Adobe Camera RAW supporte bien les fichiers RAW du D2X.
Il n'empêche que cette affaire a beacoup fait parler du format RAW :

  • OpenRaw.org milite fortement pour que les formats RAW soient publiquement et gratuitement documentés par les fabricants.

  • Microsoft annonce qu'il négocie avec ces mêmes fabricants pour que la prochaine version de windows offre un support complet des différents formats RAW.

  • Le public, les photographes et les éditeurs de logiciel s'intéressent de plus en plus au format Adobe DNG.
Que penser de tout celà ?
  • Que le marché de la photo numérique se rapproche de plus en plus de celui de l'informatique avec des enjeux économiques considérables.

  • Que les utilisateurs risquent encore plus de se retrouver otages de solutions propriétaires sans avoir aucune garantie quant à la possibilité de pouvoir réutiliser leurs images dans plusieurs années.
La solution d'un format RAW unique comme voudrait l'être Adobe DNG est assez séduisante sur le papier. Reste à savoir si elle est techniquement viable : les évolutions technologiques des capteurs permettront elles toujours d'utiliser ce format ? En tous cas, le futur dos numérique pour les réflex Leica devrait directement produire des images à ce format.
En attendant, l'initiative d'OpenRaw semble être la plus judicieuse : seule la publication systématique des spécifications des fichiers RAW pourra ouvrir une porte réelle vers la pérennité de ceux-ci.

Lire la réponse d'OpenRaw à l'annonce de Microsoft