Patrick Morand photographies nature et paysages

 

Comment photographier les cascades

La cascade de Barbennaz dans la rivière du Fornant en Haute Savoie.

La photograhie de cascades est un thème classique de la photo de nature et de paysages et ma galerie consacrée à ce sujet devenant assez populaire, il m'été posé plusieurs questions techniques sur leur réalisation et les écueils à éviter.
Voici donc quelques éléments de réponse :

Quelques mots sur la composition et le point de vue :

Je ne vais pas trop creuser ici le sujet sensible et épineux de la composition, chacun peut choisir de montrer la chute d'eau dans son ensemble et dans son environnement ou au contraire de n'en cadrer que certains détails spectaculaires ou plus intimes.
Je voulais juste rappeler que certains points de vue intéressants peuvent être trouvés en se plaçant dans le cours d'eau et que si celui ci n'est pas trop profond et si la marche d'approche n'est pas trop éprouvante, une paire de bottes en caoutchouc est une pièce fort utile et souvent oubliée de l'équipement du photographe.

L'exposition :

Le photographe a le choix entre deux solutions pour traiter le mouvement de l'eau.

  • Le figer par un temps de pose très court.
    Ceci peut demander une lumière assez forte et/ou une grande ouverture. Personnellement je ne suis pas vraiment adepte de cette option d'une part parceque j'aime bien les effets de filé mais aussi car la lumière forte risque d'induire des contrastes assez durs et car l'utilisation d'une grande ouverture nuit à la profondeur de champ lorsque l'on souhaite mettre en scène toute la cascade dans son environnement.

  • Le traduire par une vitesse d'obturation assez faible.
    C'est à mon avis la solution qui donne les résultats les plus esthétiques et elle s'impose quasiment d'elle même si l'on travaille aux heures où la lumière est la plus belle. La vitesse à utiliser dépend bien entendu de l'effet souhaité mais aussi du débit de l'eau. En général on commence à obtenir des effets intéressants avec des temps d'exposition autour de la seconde mais il est possible d'aller nettement plus loin.
Toujours à mon avis, l'un des principaux écueils à éviter est la surexposition de l'eau qui risque de transformer la cascade en une coulée blanche sans texture ni matière.
Les chutes d'eau ne s'écoulant pas toujours le long de falaise plates et uniformément éclairées, le photographe peut facilement se trouver confronté à des problèmes de dynamique pour exposer correctement la cascade et son environnement. Dans ce contexte, l'utilisation de filtres gris dégradés n'est pas toujours possible mais la photographie HDR peut représenter dans certains cas une solution intéressante.
Quoi qu'il en soit, la meilleure solution reste de réaliser les images sous la lumière la plus douce et la plus homogène possible.

La rivière du Fornant avec en arrière plan la cascade de Barbennaz.
Photographie HDR réalisée avec le logiciel Olonéo PhotoEngine

Le matériel :

  • Le trépied :
    Il est indispensable dès que le temps de pose s'allonge un peu. C'est de plus un élément de confort (une fois qu'il est en place) et une aide au cadrage appréciable. Ceci dit il n'est pas toujours facile à installer sur les rochers glissants situés au milieu d'un cours d'eau.

  • La télécommande ou le déclencheur souple :
    Vraiment nécessaires pour les poses longues, ils sont beaucoup plus pratiques à utiliser que le retardateur de l'appareil. J'ai vraiment tendance à préférer ceux qui fonctionnent sans piles.

  • Les filtres anti UV :
    Ce n'est pas le filtrage des ultra-violets qui est intéressant mais le fait que ces filtres protègent l'objectif quasiment sans incidence sur la lumière. Lorsque des goutes d'eau sont projetées sur l'appareil il est plus simple et moins risqué d'essuyer le filtre que la lentille frontale de l'objectif.

  • Les filtres gris neutre :
    Ils peuvent servir à allonger le temps de pose lorsque la lumière est trop forte pour permettre l'obtention d'un bel effet de filé.

  • Les filtres polarisant circulaires :
    Bien utilisés, ils peuvent être très utiles pour éliminer les reflets parasites sur le feuillage et sur la surface de l'eau.

Cascade dans un ruisseau près de Saparelle en Haute Corse.
Pose très longue obtenue à l'aide du filtre gris neutre Hoya ND 400.